vendredi 8 juin 2007
Soweto
Aujourd’hui, nous sommes allés à Soweto. C’est clairement le township le plus célèbre du monde, et chaque endroit abrite une partie du mythe : les manifestations partaient de telle église, les discussions secrètes avaient lieu ici, sur cette place se réunissaient les leaders du mouvement anti-apartheid, dans telle maison a vécu untel, ici a été tué tel autre… Nous avons visité la maison de Nelson Mandela, qui a été transformée en un musée super cheap où sont assemblés les diplômes d’honneur, les photos de ses femmes et les cadeaux envoyés du monde entier (« cette robe traditionnelle a été envoyée du Ghana, et ce boubou vient de New York, mais oui Monsieur le Français, de New York »). C’est probablement le musée le plus pourri qu’il m’ait été donné de visiter, et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher d’être ému.
Soweto, c’est officiellement trois millions de personnes, mais probablement beaucoup plus : l’Etat ne s’aventure pas beaucoup à y compter les gens, et il y a beaucoup de travailleurs illégaux. Soweto, c’est avant tout une banlieue à l’américaine, avec des petites maisons alignées sur des kilomètres. Des jolies comme aux Etats-Unis, des plus pauvres comme dans le reste de l’Afrique. C’est un des seuls endroits de la province de Gauteng (prononcer « khaoteng », la ville de l’or en plein de langues locales) a être proprement desservi par le train : il fallait alors s’assurer que la main d’œuvre noire pas chère puisse aller bosser en ville ou dans les mines d’or. Mais les embouteillages sont terribles : « nos trois millions de travailleurs rentrent à la maison » rigolait notre chauffeur de taxi.
Ce qui m’a frappé le plus, c’est l’espace. Il ne manque à personne, et chacun a un jardin. Pas d’immeubles de plus de 3 étages (et encore, ce sont des HLM tout récents qui me rappellent le Danemark), et des boutiques un peu partout. Des grands espaces où les jeunes jouent au foot. Des endroits inoccupés où poussent des herbes de trois mètres de haut. Et pas de fil barbelé ou de clôtures électrifiées comme partout en ville, il était temps.
Si certains s’embourgeoisent et se permettent de construire de vraies villas au point d’y ouvrir un resto, un Bed & Breakfast ou une discothèque, d’autres en sont réduits à squatter de minuscules cabanes faites de tôles récupérées et vivre dans les fumées noires des feux de n’importe quoi (c’est l’hiver, il ne fait pas si chaud que ça).
Comparé au centre-ville ou à d’autres townships, Soweto est relativement sûr. Il faut dire que le contrôle social y est fort. On y a entendu de la belle House Music bien lente comme je l’aime, électronique et groovy, en mangeant dans un resto sympa (notre chauffeur s’est fait servir des intestins marinés qui sentaient très bon mais que je n’ai pas osé goûter), la lumière était magnifique.
Oui, c’est clair, j’ai adoré Soweto. J’y reviendrai faire de la musique, c’est sûr.
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