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mercredi 6 juin 2007

Première journée à Jo'Burg



Nous sommes arrivés lundi matin à Johannesbourg. Il faisait froid et brumeux. Un taxi nous a emmené à l’hôtel, situé dans un centre de loisirs avec pour thème les chercheurs d’or. Une sorte de Disneyland un peu fake, avec une architecture coloniale et une armée d’ouvriers et de jardiniers.
Partout, autour de nous, des grilles très hautes surmontées de fils électriques, et pour rentrer dans l’hôtel il faut passer deux péages avec des barrières et des gardes. Au début nous étions très déçus, on voulait vivre en centre-ville, et puis, une fois qu’on a eu visité downtown, finalement on s’est habitués à notre confort colonial.



L’après-midi, nous sommes allés nous promener en centre-ville. Tout date des années 1960 et 1970, très béton brun brut et couleurs un peu douteuses (orange pourri, bleu délavé, marron sale), et dans la rue il n’y a que des Noirs. Les seuls Blancs qu’on voit sont dans des voitures. Comme Didier et moi avons été dans des quartiers un peu chauds, en France ou aux Etats-Unis, on se sent à l’aise. Nous pénétrons dans un magasin hallucinant, apparemment consacré aux rites magiques et de médecine traditionnelle. Des queues de je ne sais quel animal pendent au plafond, des gri-gris de toutes tailles et couleurs (le plus souvent bruns ou noirs) sont accrochés partout. Des cornes de gazelles, des cannes sculptées, des pots récupérés plus ou moins remplis de poudres de toutes les couleurs.
La tenancière, une petite Indienne un peu grasse, nous interpelle « Vous faites quoi ici ? » Nous : « On se promène. » Elle : « vous venez d’où ? » Nous : « De France. » Elle : « Ecoutez, je vous aime bien, partez d’ici et ne revenez jamais ! » Un peu interloqués, on lui demande pourquoi : « C’est trop dangereux pour les Blancs ici. Vous vous pensez en sécurité, et puis tout à coup ça vous tombe dessus. Ce sont des animaux ! »
Elle nous appelle un taxi et lui donne pour mission de nous emmener à Sandton, un autre quartier de la ville. On arrive dans une ville néo-romaine où les îlots de maisons sont entourés de grilles immenses avec des gardes, et les bâtiments plus grands ressemblent à des châteaux forts. Littéralement. Des tours avec des crénelages, des micro-fenêtres (pour lancer des flèches sur les assaillants ?) et des murs épais et immenses.
A l’intérieur, il y a un centre commercial immense qui s’organise autour d’une place centrale dominée par un immeuble d’une trentaine d’étages qui ressemble à l’image qu’on se fait des immeubles pour nouveaux-riches de Moscou : néo-kitsch, balcons compliqués et penthouse au sommet. Une immense statue de Nelson Mandela montre le chemin du futur radieux aux visiteurs. On se croirait dans n’importe quel mall américain, sauf qu’il y a des gardes (noirs) partout et que les voitures doivent se faire ouvrir la grille pour pénétrer dans le parking sécurisé.
En revenant à l’hôtel, le taxi nous a baladés par les quartiers riches : des villas entourés de murs immenses, avec des boucles de fils barbelés, des clôtures électrifiées ou, le plus à la pointe, le ‘razor wire’ (le fil-rasoir), ultra coupant.
A chaque coin de rue, une petite cabane en bois avec un garde (noir), probablement armé. Quelle journée !