Cela fait bien longtemps que je n'ai pas parlé de la fête de la musique. Ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien, mais plutôt parce qu'il se passe beaucoup de choses très mauvaises. Je vais mettre peu à peu en ligne des détails sur ces derniers mois, mais j'ai parlé de ce qui m'est arrivé dans le cadre de cette fête à plusieurs personnes (connues ou pas connues) qui ont insisté pour que je dise ce qu'il se passe. On y va...
Coup d'Etat
Il y a une semaine, j'ai dû céder la propriété du nom feestdermuziek.nl à la Stichting (fondation) qui est sensée l'organiser. L'échevin Eddy Linthorst (lui aussi travailliste) me l'a demandé, et s'est engagé à s'assurer que la fête resterait populaire et variée, que la stichting fonctionnerait de manière démocratique et transparente, et qu'en cas d'évaluation négative, la stichting s'engageait à rendre le nom après la fête.
Ce que je ne savais pas (j'étais à presque 1000km de là, à travailler en France), c'est qu'un coup d'état avait eu lieu au sein de la stichting: alors que ses cinq membres s'étaient mis d'accord pour la fonder juridiquement de façon collective, son président s'est mis comme unique fondateur dans les papiers, et a exclu un de ses membres parce qu'il lui manquait certains papiers (ce qui est faux). Dans les faits, la stichting est devenue une coquille vide qui laisse une liberté totale à son président de faire ce qu'il lui plait, sans aucun contrôle possible. J'y reviendrai plus tard.
Plus grave est le déroulement de l'organisation de la fête. L'idée originelle était de faire organiser la fête par les volontaires, et de faire coordonner leurs actions par une coordinatrice. Par la diversité et les compétences des volontaires, on aurait eu un mélange social et ethnique de gens venant de partout et organisant plusieurs événements. Malheureusement, depuis quelques mois la coordinatrice s'est surtout illustré par ses mensonges et son autoritarisme que par son talent à coordonner les volontaires.
Le site construit par les volontaires a été jeté. La designeuse (Geneviève Gauckler, qui offrait son travail gratuitement, excusez du peu) a été remerciée. Les traductions et textes mis en place par les différents volontaires ont été passés à la trappe. On a interdit à quiconque de se pencher sur quoi que ce soit. La coordinatrice a tout repris en main, a réussi à se débarrasser des volontaires qui se posaient des questions, et elle a été raconter à tout le monde que la fête était plus populaire que jamais et que tout allait bien.
Une fête hollandaise sans étrangers
Entretemps, on a découvert qu'il n'y avait aucun budget pour aider les groupes étrangers à venir jouer gratuitement à Amsterdam, qu'une volontaire a été officiellement désinvitée à participer parce qu'elle était française ("nous voulons une fête hollandaise"), qu'un nouveau site remplaçant le site originel (quasiment identique, mais seulement en anglais et en néerlandais, et sans aucun contrôle par les volontaires ou les membres de la stichting) a été commandé pour 1500 euros à un bureau de "gens nés et ayant grandi dans le quartier" (sous-entendu, pas des étrangers), et que la "coordinatrice", qui se présente comme une semi-volontaire, a demandé 11.900 euros pour l'équivalent d'un mois de travail. Somme acceptée sans discussion possible au sein de la stichting.
Une des volontaires, un pilier de l'organisation, qui assurait la traduction en anglais, une scène et qui voulait s'intéresser au site internet a fini par démissionner, dégoûtée par les mensonges, humiliations et manipulations, et d'après ce que j'ai entendu d'autres démissions ont encore à venir.
Mensonges et pressions
A côté de cela, j'ai subi des pressions incroyables pour que non seulement je cède le nom au président de la stichting, mais aussi pour que je ne dise rien, surtout pas dans ce blogue. On m'a envoyé des emails d'insultes, on m'a menacé au téléphone, on a envoyé des emails mensongers à mes collègues du conseil municipal m'accusant de manipulation et de me mêler de ce qui ne me regarde pas, on a été raconter des mensonges sur mes prétendues actions à la cheffe de mon parti et à l'échevin. J'ai découvert aussi que la coordinatrice et le président de la stichting ont raconté des salades aux autres membres de la stichting et aux volontaires: j'aurais bloqué le site (ce qui n'est absolument pas vrai, les changements effectués par les volontaires le prouvant), l'argent serait disponible pour toutes leurs activités (alors que plus de la moitié part dans le salaire baroque de la coordinatrice et que rien n'a encore été débloqué par l'échevin), que les retards devraient m'être imputés (en fait la coordinatrice a interdit tout activité tangible aux volontaires tant que la stichting n'avait pas la propriété du nom)... Bref, alors que je n'étais en rien impliquée, on m'a chargé car j'étais le seul à les empêcher de faire leur petit coup d'Etat sur cette idée généreuse.
La fête est morte
Je raconterai tout cela en détail sur ce blogue peu à peu, mais ce qui me frappe, c'est l'intensité de violence et de mensonges qui a été déployée pour que deux personnes puissent s'approprier une fête qui se devait d'être populaire, diverse, organisée par le bas et sympathique. C'est devenu le jouet d'argent et de pouvoir de deux personnes prêtes à tout pour y arriver, sans aucun contrôle de personne, en excluant la diversité et en instrumentalisant les pauvres musiciens qui vont venir jouer gratuitement pour le seul profit de ces deux.
J'ai terriblement honte. J'ai été très choqué par ces événements et n'ai pas bien dormi depuis des semaines. Ces méthodes maffieuses m'ont profondément traumatisé et j'ai l'impression que mes collègues politiciens n'ont pas saisi la mesure de ce qui est arrivé.
Bref, la fête de la musique d'Amsterdam est morte, sinon par son nom (désormais propriété exclusive de deux personnes, elle est devenue de fait un festival financé par la ville) du moins dans l'esprit. Paix à son âme.