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jeudi 12 avril 2007

La déconstruction du dogme



Ça fait déjà un moment que je me suis acheté "La dissociété" de Jacques Généreux, mais j'attendais de l'avoir fini pour en parler. En fait il n'est toujours pas fini mais c'est un tel eye opener que j'ai décidé d'en parler tout de même.
Le point de départ de Généreux est que l'économie n'est qu'une branche des sciences humaines, et que malgré l'accroissement des connaissances en anthropologie et en sociologie, les économistes s'obstinent dans des raisonnement datés et tautologiques. Une des grandes prises de conscience qu'a engendré l'étude de l'homme et de sa socialisation est qu'il a besoin de deux choses essentielles pour exister et se construire: la liberté et les autres. Où que ce soit, chacun a besoin de se réaliser (le côté individuel) par l'émancipation personnelle et la liberté de façonner son destin, mais aussi de profiter de ses proches, des avancées collectives de la société où il/elle est né(e), du bonheur collectif et de la chaleur humaine dont personne ne devrait être privé.
Une société qui ne valorise que la réussite personnelle fait l'impasse sur la dimension collective et se prive de nombreux talents et ressources, une société qui ne valorise que le collectif est une société invivable (le communisme), et un société qui condamne le collectif comme l'individuel donne le totalitarisme nazi. La société idéale cherche donc à équilibrer les besoins individuels et collectifs.

Pourquoi l'économie classique est-elle donc obsédée par la décision rationnelle et les arbitrages individuels sans référer aux forces collectives (positives comme négatives)? Généreux explique que l'économie s'est basée sur une connaissance philosophique de la nature humaine (Descartes en particulier) avant que la sociologie n'existe, et a légitimé ses méthodes par les sciences disponibles à l'époque: la physique et les mathématiques. Depuis, les sciences dures ont beaucoup progressé, mais cela n'a fait que légitimer via des modèles mathématiques compliqués une pseudo-connaissance de l'homme qui puisait ses racines dans une pensée individualiste ne correspondant à aucune réalité humaine.
Il cite ainsi les présupposés sur lesquels les économistes classiques se basent pour échaffauder les théories du marché et de la libre entreprise:
(1) l'être humain est un individu préexistant toute relation à autrui, seul maître de ses actes et seul responsable de ses actions;
(2) l'individu strictement égoïste ne cherche que son propre bien, la rivalité est donc inéluctable;
(3) la société est l'association volontaire et utilitaire des individus pour maximiser la production, la loi est un mal nécessaire pour éviter la prédation totale, mais qu'il faut limiter autant que possible;
(4) le progrès est la marche vers l'abondance matérielle qui permettra aux individus de vivre sans loi ni pouvoir, la libre concurrence est l'organisation la plus à même de réaliser ce but et doit être étendue à toutes les sphères de l'activité humaine.

Il est fort, hein? La suite bientôt...