Ce soir, le Conseil Municipal convoqué d'urgence pour débattre de la question de la Place du Stade (Stadionplein) était tout sauf vraiment politique. Le bourgmestre Egbert de Vries (et échevin chargé de l'urbanisme) a dû défendre le projet d'OMA face à un public remonté et une opposition (VVD - Amsterdam Anders /De Groenen - ZPB) de mauvaise humeur.
Avoir une opposition combative est une bonne chose. Tout pouvoir a besoin d'un contre-pouvoir, et de ce point de vue le VVD fait très bien son travail. Cependant, ce soir, l'attitude passive-agressive et infantile de l'opposition et d'une partie du public m'a vraiment frappé.
En fait, le problème est double: d'une part une confusion dans les rôles, de l'autre un problème de procédure. La confusion dans les rôles tient au fait que les politiques comme les habitants se prennent pour des urbanistes. Les habitants ont une fonction essentielle: faire vivre un quartier, exprimer leurs envies, leurs besoins et leurs préférences. En même temps, ils veulent tout et son contraire: stationnement gratuit partout sauf devant chez eux, des trams, des autoroutes et des trains, mais pas devant leur maison, un boulot pas loin mais pas de business dans leur immeuble, des supermarchés bien achalandés mais sans camions les ravitaillant.
Les urbanistes sont là pour proposer des solutions créatives aux problèmes des habitants. C'est ce qui a été fait avec la proposition d'OMA. Ils n'inventent pas les problèmes, les résolvent pas non plus, ils utilisent leur savoir-faire pour indiquer des pistes.
Les politiques, eux, ont pour rôle à la fois d'écouter les gens, de peser les intérêts divergeants, et de trancher en ayant en tête le bien commun, qui ne recoupe pas nécessairement les rêves des architectes, les solutions des urbanistes, les doléances des gens et les intérêts des entreprises.
Je pense que, jusqu'à maintenant, notre coalition et ses échevins ont réussi à éviter ces écueils en gardant à l'esprit le bien commun. L'opposition, même si son rôle est aussi de nous astiquer, oublie parfois le bien commun en demandant tout et son contraire et en soutenant tous les mouvements de foule, même les moins fondés. Chacun ses choix.
Le problème est aussi dû au processus d'inclusion des habitants: j'ai parlé à Jouke van der Werf (qui est aussi le mari d'une copine d'une copine à moi), qui a suivi les événements pour son travail depuis le début. D'après lui, les gens ont besoin de faire le deuil de la place, aussi laide et mal agencée soit-elle. On les a beaucoup écouté lors de différentes réunions préparatoires, certes, mais il faut aussi les faire parler des points négatifs et positifs de l'endroit, après quoi on peut leur présenter des solutions. Sans ce procressus de deuil, ils rejetteront tout projet, aussi créatif et ingénieux soit-il. C'est ce qui s'est passé ce soir. Cette séance du Conseil n'a servi que de défouloir pour nombre de gens un peu grande-gueule et en manque d'écoute. C'est un peu un gaspillage de temps et d'énergie.
On va voir si nous arrivons à en tirer une leçon quant à la façon de gérer les problèmes émotionnels des habitants vis-à-vis des changements urbanistiques et des décisions politiques, car cette aventure est loin d'être terminée. Le processus consultatif ne fait que commencer, et le nombre de projets de ce type en vue est impressionnant.