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mercredi 19 avril 2006

Discussion de gauche au fin fond du Limbourg

Hier je me suis tapé presque 6 heures de train pour aller à Heerlen (drapeau ci-contre), dans le Limbourg (voir carte ci-dessous). J'étais invité par la section locale du SP pour parler de la situation sociale en France, en particulier dans les banlieues. La soirée est appelée Spraakwater, et se déroulait dans un ancien cinéma ultra mignon, un peu bar à putes, un peu café rétro, un peu théâtre de marionettes. Normalement je dois recevoir des photos très bientôt.
La discussion était intéressante, et du fait de la situation sociale et géographique particulière du Limbourg (anciennes mines fermées, centres industriels en voie de fermeture, chômage explosif), on se serait cru dans le Nord-Est de la France ou en Belgique. Les gens sont angoissés pour leur avenir et celui de leurs enfants, rien de nouveau, en fait, mais l'angoisse monte à nouveau. Le SP est fort et a obtenu beaucoup d'élus (c'est devenu le plus gros parti à Heerlen) car la tête de liste s'est illustré dans la défense des mineurs et la réparation financière des maladies professionnelles des mineurs (surtout cancer des poumons), et par ailleurs tout le monde sait ce que ça veut dire, un changement économique majeur, dans la région: chômage, précarité, perte de statut social... J'ai raté la fin du show car j'ai dû prendre le dernier train pour Amsterdam.
Entre deux débats (sur scène, dans deux fauteuils genre mémère, très mignon), on a eu droit au groupe de hip hop local. Quatre garçons à peine pubères, faisant la beatbox à tour de rôle et rappant en kreukreu (avec G doux, met een zachte G, comme on dit). Honnêtement, ça allait tellement vite (en plus de l'accent) que je n'ai rien compris, mais c'était vraiment coule.

Mais ce qui m'a frappé le plus, venant d'Amsterdam, c'est les différences entre cette province du Sud et Amsterdam et le Nord du pays. Les gens sont beaucoup plus latins, plus bavards, plus sociaux aussi. Dans ce micro-cinéma, au café, les gens parlaient limbourgeois (un dialecte rhénan proche du Platt Deutsch) mais l'atmosphère était plutôt belge ou française. Il y a avait quelques allochtones, mais rien ne les distinguait vraiment des autres. Un peu mon expérience personnelle de la diversité en France (sans pour autant généraliser, sinon Erkan va me hurler dessus). J'ai fait la connaissance de gens vraiment sympa. Une élue SP qui revient juste de 10 ans à Amsterdam, Paul et sa copine qui sont venus m'accueillir à la gare et m'ont nourri, et surtout une femme moitié Sud-africaine, moitié-Ecossaise, qui a vécu en Afrique avec son mari néerlandais avant de venir aux Pays-Bas et de divorcer. Une femme très belle, qui parle 12 langues, qui écrit des poèmes en néerlandais et qui parle beaucoup.
Bref, les clichés sont tenaces, mais c'est vrai que les Brabançons et Limbourgeois vivent d'une autre façon, et la "culture catholique" est réellement différente de la "culture protestante" du Nord. Beaucoup de gens aimeraient rester mais le chômage est tel qu'ils doivent un jour ou l'autre partir vers les grandes villes ou la Randstad où ils ne sont jamais vraiment aussi heureux. Triste, non?

Pour conclure, une interrogation architecturale: l'église de Heerlen n'a-t-elle pas un petit air français avec sa tour carrée et son toit qui passe du carré à l'octogone? On la voit sur la photo ci-contre, à gauche de la très belle médiathèque herleenoise. Elle ressemble incroyablement aux églises d'Île-de-France et du bassin parisien, ou c'est moi qui délire?