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mercredi 8 mars 2006

Résultats nationaux

La presse néerlandaise se penche, of course, sur les résultats des élections:
"Le PvdA et le SP sont les grands gagnants des élections municipales d’hier", écrit le Volkskrant dans son grand article à la une. "Le PvdA a progressé partout et a obtenu au total 671 sièges municipaux. A Rotterdam, où le parti avait été battu par Pim Fortuyn en 2002, le PvdA est de nouveau le premier parti avec 18 sièges. La formation d’un collège municipal de gauche est devenue possible dans de nombreuses communes, dont Amsterdam."
"Le CDA, le VVD et le D66 du gouvernement Balkenende ont perdu tous les trois. Le CDA, surtout, a souffert : il a perdu presque 300 sièges, une perte répartie pratiquement sur tout le pays. Les partis locaux, dont beaucoup de partis Leefbaar, perdent ensemble quelques centaines de sièges. Leefbaar Rotterdam s’est assez bien maintenu, avec 14 sièges. C’est une raison pour sa tête de liste Marco Pastors de s’engager ’presque certainement’ dans la politique nationale. Au total, environ 59 pour cent des électeurs ont voté, plus de 1 pour cent de plus qu’en 2002.""Le SP a participé aux élections dans beaucoup plus de communes qu’en 2002 et a enregistré un gain presque partout. Le nombre total de sièges municipaux du parti a plus que doublé. Le troisième parti de gauche, GroenLinks, est resté pratiquement stable."
"Le PvdA doit son rétablissement en partie aux électeurs allochtones. Selon une enquête 80 pour cent de ces électeurs ont voté PvdA et même 85 pour cent à Amsterdam et Rotterdam. Le leader du parti, Bos, s’est montré euphorique. ’Nous avons pleinement compensé le coup dur des élections de 2002.’ Le président du PvdA, Van Hulten, a parlé d’un ’signal très clair que le gouvernement doit vraiment changer de cap’.""Le leader SP Marijnissen a déclaré : ’Le SP est devenu grand aujourd’hui, y compris dans les grandes villes. Nous avons été récompensés de nos efforts.’ Il a appelé Bos à opter maintenant pour la coopération de la gauche dans la perspective des élections législatives de l’année prochaine."
"Les partis de la coalition ont encaissé leur perte. ’Ce résultat est décevant mais pas inattendu’, a dit le premier ministre et leader du CDA Balkenende. ’C’étaient des années difficiles, mais le travail effectué était nécessaire. Et nous en voyons les résultats. Il y a de l’espoir pour l’avenir. Il nous reste quatorze mois jusqu’aux élections pour la Deuxième Chambre.’ Le premier ministre dit qu’il ne craint pas que le résultat électoral mette son gouvernement en danger : ’Nous sommes encore plus motivés maintenant’."

"Le chef de file VVD Van Aartsen espère aussi un rétablissement l’an prochain : ’En ce qui me concerne les dégâts sont limités. Nous nous concentrerons sur le long terme.’ Le D66 était carrément abattu. La leader du parti, Van der Laan : ’C’est franchement exaspérant : nous avons perdu plus d’un tiers de nos sièges. Cela fait très mal. Cela fait dix fois de suite que nous perdons aux élections’."
"Les partis Leefbaar, qui avaient enregistré un très bon résultat en 2002, ont subi une forte perte dans beaucoup de communes. Leefbaar Utrecht a pratiquement été balayé (de 14 à 3 sièges au conseil municipal), tout comme Leefbaar Eindhoven. Leefbaar Hilversum de Jan Nagel, le plus ancien parti Leefbaar des Pays-Bas, a perdu presque la moitié de ses électeurs.""Selon un sondage de Maurice de Hond effectué auprès de six mille électeurs, le PvdA, en ce moment, gagnerait aussi les élections législatives et obtiendrait 49 sièges. Le SP en aurait 17 (plus 8). Les trois partis de gauche auraient ensemble une faible majorité parlementaire de 76 sièges. Les partis de la coalition n’en obtiendraient pas plus de 61 au total."

"Les électeurs n’ont pas décidé de la répartition du pouvoir à La Haye, mardi", souligne le même Volkskrant dans une analyse. "Lorsqu’ils le feront l’année prochaine, ils voteront peut-être autrement. Aux élections municipales les thèmes et les partis locaux jouent un rôle. En outre, le taux de participation est plus élevé de 20 pour cent aux législatives. Le sondage d’opinion relatif à la Deuxième Chambre que Maurice de Hond a présenté hier à la télévision ne dit guère plus que d’autres sondages."
"La conclusion la plus sûre qu’on puisse tirer de ces élections est que le mouvement Leefbaar n’a pas réussi à renouveler son grand succès de 2002. Dans beaucoup de communes ces outsiders se sont révélés de piètres politiques. Leur agenda a en partie été repris par les partis traditionnels."
"Le glissement de terrain vers la gauche a néanmoins son importance pour les leaders de parti à La Haye." "Les électeurs locaux, en soutenant massivement le PvdA et le SP, ont montré qu’ils ont de grandes objections contre le gouvernement Balkenende, avec ses réformes radicales et sa faible présentation. Il reste à voir si cela va durer les quatorze prochains mois. L’économie néerlandaise commence à se redresser après une récession de plusieurs années. Les électeurs n’en ont guère profité encore. Par contre, ils ont derrière eux quelques grands changements de système, avec toutes les incertitudes qui en découlent.""Les partis gouvernementaux, le CDA, le VVD et le D66, espèrent que ce tableau changera dans le courant de l’année, lorsqu’il apparaîtra que le nouveau système de sécurité sociale et la nouvelle WAO [incapacité de travail] ne débouchent pas sur le chaos prédit par l’opposition, que les cours boursiers grimperont et que les entreprises auront de nouveau du mal à remplir leurs postes vacants."
"Au CDA mis à mal ils s’accrochent au miracle qu’un prédécesseur de Balkenende, Lubbers, a accompli en 1986 en remportant tout de même une grande victoire trois mois après des réformes douloureuses, de mauvais sondages et des élections municipales perdues.""Wouter Bos a mené une campagne impeccable, estime le PvdA. Il n’a pas réagi aux provocations du VVD, a suivi sa propre ligne et a d’ores et déjà adopté un profil de premier ministre. Mais Bos est désormais le vainqueur présumé. Les regards critiques vont se reporter automatiquement de Balkenende sur lui : est-il vraiment meilleur ? La lutte électorale promet d’être passionnante."

"Le résultat des élections municipales va déboucher sur une énorme crise au sein du D66", retient le Trouw (p.5) d’une analyse du politologue Gerrit Voerman, du Documentatiecentrum voor Nederlandse Politieke Partijen (DNPP). "Le D66 se réunira en congrès au printemps. Les membres vont demander : que faisons-nous encore dans ce gouvernement ? Ils ont été mécontents dès le début de la participation du D66 au gouvernement. Cela s’exprime maintenant d’une curieuse façon", explique Voerman.La progression de la ChristenUnie, qui a gagné un ou plusieurs sièges dans de nombreuses communes, n’a pas grand-chose à voir avec la politique locale, selon le journal chrétien progressiste. "C’est en grande partie dû à l’effet Rouvoet. Cet homme est bon. Les sondages nationaux montraient déjà que la ChristenUnie allait vers cinq sièges [à la Deuxième Chambre]. Elle progresse désormais aussi dans les grandes villes."

Commentaires
"Alors que les élections municipales de 2002 pouvaient être considérées comme une révolte contre l’establishment politique, en particulier contre les partis des gouvernements ’Paars’, celles d’hier constituent à de nombreux égards un retour de balancier", remarque l’éditorialiste du Trouw. "Les partis qui ont jubilé à l’époque, les locaux en tête, sont maintenant diminués. Le grand perdant de 2002, le PvdA, est maintenant devenu de loin le plus grand parti."
"Rétrospectivement, nous devons constater que le système politique se trouvait dans un état de délabrement grave en 2002. Normalement, il doit être en mesure de réagir au sentiment massif de malaise des électeurs, par exemple en procédant à une relève de la garde. Or en 2002 il a fallu pour cela un nouveau-venu, en la personne de Pim Fortuyn. La ’vieille politique’ était impuissante."
"Ce spectacle humiliant pour les partis politiques existants a pris fin et il semble que ce soit surtout le mérite du PvdA et du SP. Bien qu’il soit difficile, dans le cas du PvdA, de dire à quoi c’est dû exactement. Le moins qu’on puisse dire est qu’il a réussi à s’ouvrir de nouveau à l’électorat. Des thèmes tabous à l’époque sont de nouveau abordables. C’est un gain qui peut permettre de rétablir encore davantage la confiance dans la politique traditionnelle.""En attendant, ces élections placent la coalition devant un grave dilemme. Ce n’étaient pas des législatives, mais elles ont montré que le moins qu’on puisse dire est que le cap politique suivi jusqu’à présent n’est guère populaire. Le gouvernement devra y réfléchir sérieusement."

"Le virage à gauche met Balkenende en difficulté", titre aussi le Volkskrant au-dessus de son éditorial. "Le CDA a payé au niveau local le prix de l’impopularité de Balkenende. Le VVD et le D66 ont subi le même sort." "Après quatre ans d’agitation due aux travaux de transformation permanents de l’Etat-providence, les électeurs veulent une pause respiratoire. Aussi inévitables que certaines réformes aient été, le gouvernement n’a absolument pas l’autorité nécessaire pour en convaincre les citoyens." "La coalition a encore plus d’un an jusqu’aux élections législatives de 2007. Balkenende ne peut qu’espérer que d’ici là l’économie poursuivra une ligne ascendante et que la douleur des réformes sera oubliée au printemps 2007. Sinon, il ne faudra pas grand-chose pour amener au point de rupture les tensions au sein de la coalition. Les électeurs n’auront pas de regrets.
"Le PvdA "s’est plus que rétabli de son effondrement en 2002, lorsqu’il a perdu des sièges en masse", constate le Telegraaf. "Sa rénovation interne et les leçons qu’il a tirées de cette année catastrophique l’ont manifestement rendu de nouveau acceptable pour l’électorat." "Sa victoire est aussi due en grande partie à ses critiques contre le gouvernement et les partis de la coalition. La politique gouvernementale n’est pas populaire parmi les électeurs."Le journal à grand tirage appelle les sociaux-démocrates de Wouter Bos à présenter enfin leur projet politique. "Les électeurs ont le droit de savoir ce que le parti veut faire au juste pendant la période 2007-2011."Quant aux partis de la coalition sanctionnés par les électeurs, "ils ne doivent pas devenir nerveux".
"Ils seront bien avisés d’attendre et d’essayer de profiter du rétablissement économique en cours." "Ce résultat décevant contraint les trois partis, en particulier le CDA, à bien réfléchir aux concessions à faire aux électeurs. Ils doivent tenir davantage compte des problèmes de pouvoir d’achat de beaucoup de citoyens. Ces derniers ont aussi le droit de profiter maintenant de l’amélioration de la situation économique. La coalition aurait dû s’en rendre compte plus tôt."
Le journal d’affaires Het Financieele Dagblad appelle lui aussi le leader du PvdA, le "premier ministre fantôme Bos", à "annoncer la couleur"."Jusqu’à présent Bos a eu la partie relativement facile. En adoptant en usant de son charme et en adoptant une position plutôt neutre il a pu gagner du terrain dans le no-man’s land politique que la coalition a créé en insistant sur la réforme radicale et peu populaire de la sécurité sociale et des soins. En tant que premier ministre fantôme, il ne pourra plus se le permettre les douze prochains mois."

Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6974