Tout se passe comme si l'électorat néerlandais s'était "normalisé". Ce qui est perturbant pour les partis, c'est que la plupart des partis ont viré à droite: l'extrême-droite a viré au racisme xénophobe, les libéraux du VVD ont repris les thèmes de l'extrême-droite, les chrétiens-démocrates au gouvernement (CDA) ont appuyé la politique raciste et xénophobe des libéraux et se sont retrouvés à défendre des thèmes vichystes, le parti travailliste se retrouve au centre (avec un aile gauche et sociale dont je fais partie, et une aile droite sécuritaire de centre droit), les verts (GroenLinks) ont vu leur cheffe virer centre-droit néo-libéral, et les gauchistes du SP essayent de se profiler en gauche responsable (et ont très envie de gouverner).
Le problème, c'est que le coup de sang de 2002 semble être fini et les électeurs sont revenus là où ils étaient avant 2002. Et votent donc plus à gauche, tout simplement parce que les partis se sont droitisés. Ce n'est pas étonnant que le PvdA et le SP en profitent: ce sont les seuls à être à gauche désormais.
J'ai parlé avec Brieuc-Yves Cadat (http://www.cadat.nl) qui pense que les Helsemistes au sein du GroenLinks se sont plantés en allant chasser sur les terres des libéraux, où ils sont finalement mal implantés, et en laissant au SP et au PvdA la gauche. Ils n'ont pas perdu beaucoup de sièges, mais ils n'en ont pas gagné non plus, alors qu'ils auraient pu augmenter leurs scores, surtout après la débâcle de 2002.
Mais bon, GroenLinks reste tout de même un allié naturel des travaillistes, et s'ils se ressaisissent, ils pourraient très bien encore augmenter leurs scores aux législatives de 2007, ouvrant la voie à un gouvernement de gauche. A moins que la branche gauche du CDA ne reprennent du poil de la bête et sorte le CDA de sa torpeur vichyste, ouvrant la voie à une coalition centriste. A vue de pif, donc, l'avenir est à gauche. Mais je ne suis pas très objectif là-dessus, je l'admets...
Dans la presse kreukreu:
"L’onde de choc qui traverse la politique locale a des conséquences au niveau national", remarque l’éditorialiste du NRC Handelsblad d’hier soir. "Le leader VVD Van Aartsen a tiré ses conclusions de la défaite de son parti : il a démissionné en tant que président du groupe parlementaire.""Le CDA a perdu presque autant de sièges que le SP en possède maintenant au total. Avec un recul de plus de 3,4 pour cent les chrétiens-démocrates sont les grands perdants de ces élections. C’est leur première défaite électorale depuis que Balkenende est au pouvoir. Bien que formellement il ne puisse pas être tenu pour responsable de ce résultat, la base commence à grogner. Le gouvernement Balkenende vacille de nouveau."
"Balkenende pense pouvoir s’arranger avec les électeurs en maintenant le cap choisi", écrit le Trouw. "Il se montre ainsi tout aussi obstiné que Paars, qui, après les élections municipales désastreuses de 2002, a continué comme si rien ne s’était passé. Un leader démocratique doit prendre un tel message au sérieux et rectifier son cap."
"Le premier ministre Balkenende ne doit guère se réjouir de la perspective de continuer de gouverner avec deux partenaires de coalition instables", fait valoir le commentateur du Volkskrant.
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6984