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jeudi 19 janvier 2006

Jeunesse à problème

Dites moi si c'est moi qui hallucine ou j'entends bien parler de camps de rééducation pour jeunesse déviante?
(Dans la presse néerlandaise:) La question des jeunes à problème dans les grandes villes fait encore l’objet d’une large couverture de presse dans le Volkskrant et le Trouw.
"Il faut envoyer les jeunes laissés-pour-compte sans travail ou formation dans des prep camps où un sergent leur inculquera la discipline et les préparera à un retour à l’école", écrit le Volkskrant dans son grand article à la une. "Le CDA et le PvdA, qui détiennent ensemble une majorité parlementaire, soutiennent cette idée de Hans de Boer, président de la Taskforce Jeugwerkloosheid [lutte contre le chômage des jeunes].""La Deuxième Chambre veut aussi que le gouvernement prenne rapidement des mesures pour aider les jeunes allochtones à trouver un emploi. Il faut dispenser pour une période de deux ans les entreprises qui offrent une formation ou un emploi de la cotisation WAO et de l’obligation de continuer de verser le salaire des jeunes qui décrochent. Le gouvernement s’est déjà engagé l’an dernier à permettre aux communes de renvoyer à l’école les laissés-pour-compte de moins de 23 ans, même s’ils ne touchent pas d’indemnité. Selon De Boer, il s’agit d’un groupe de trente-cinq à quarante mille jeunes avec lesquels il est difficile d’entrer en contact mais qui, potentiellement, sont source de beaucoup de nuisance. Il veut placer les jeunes réfractaires sous commandement militaire pour leur apprendre ’à se lever et à brosser leurs chaussures’. De Boer s’en est déjà entretenu avec l’armée et la direction de Glenn Mills et Den Engh, deux camps de redressement de jeunes délinquants.""Les casernes que la Défense veut fermer, comme celle de Budel, pourraient rester ouvertes pour accueillir chaque année 4 000 laissés-pour-compte à éduquer. Selon De Boer, le budget de réintégration dont disposent les communes est suffisant pour financer ces mesures. Les écoliers qui se comportent mal devraient aussi aller à Budel."
"Les quartiers déshérités des Pays-Bas sont peut-être toujours préférables aux banlieues françaises", remarque l’éditorialiste du journal de centre gauche, "mais il est désormais clair que la concentration de problèmes sociaux - chômage, manque de formation et mauvaise connaissance de la langue - et le sentiment de discrimination et d’exclusion en font des foyers potentiels de désordres. A l’issue d’une concertation d’urgence avec tous les présidents de quartiers, le maire d’Amsterdam, Cohen, a lui aussi reconnu mardi que quelque chose couve, même s’il n’y a pas eu jusqu’à présent d’émeutes comme en France.""Le maintien de l’ordre public et de la sécurité est la première responsabilité de chaque maire. On ne peut pas tolérer qu’un groupe de la population en terrorise un autre. Il serait bon pour l’autorité de Cohen qu’il se prononce plus fermement sur ce point - et qu’il agisse en conséquence."
"Amsterdam n’est pas comparable à Paris", titre le Trouw (p.5) au-dessus d’un article d’ambiance. Le journal chrétien progressiste cite un assistant de quartier en ces termes : "Dans la perspective des élections municipales, beaucoup ont intérêt à gonfler l’incident [des pare-brise cassés à la Saint-Sylvestre]. Mais nous ne sommes pas à Paris."
Dans le cahier de Verdieping, le chroniqueur franco-néerlandais Sylvain Ephimenco fait valoir que "l’approche néerlandaise précoce et la reconnaissance du problème par diverses collectivités diffèrent fondamentalement de la politique de l’autruche pratiquée en France". "Dans ce pays on descend immédiatement quiconque ne regarde pas l’agitation et les désordres dans les quartiers d’immigrés à travers le prisme du retard social et de la discrimination. Un ministre de la Justice qui, comme Donner l’a fait hier, expliquerait l’intolérance et la violence des jeunes Marocains par ’d’une part des facteurs socio-économiques et d’autre part des facteurs culturels’ serait indubitablement traité de Le Pen fascistoïde. Même le maire Job Cohen serait passé au goudron et aux plumes par la communauté politiquement correcte, à cause de ses récentes déclarations." "Cohen a condamné le rôle de victimes des jeunes Marocains et leur intolérance croissante vis-à-vis des homosexuels, des juifs et de la société néerlandaise en général. Et il a évoqué les télévisions islamiques étrangères pour expliquer cette intolérance et cet antisémitisme. Ce n’est pas rien de la part d’un gestionnaire qui pensait promouvoir l’intégration par le biais de canaux religieux."

Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6806