On m'a demandé si le marketing ethnique avait sa place en politique. En fait, je pense que ce qui est important, ce n'est pas nécessairement le ciblage communautaire, mais justement la prise en compte du peuple dans son universalité.
En effet, lorsqu'on utilise le terme "ethnique", on présuppose que la "majorité" (c'est à dire le groupe ethnique ou culturel dominant) représente le peuple dans son universalité. C'est clairement une marque d'ethnocentrisme. Le peuple, c'est l'ensemble des habitants, quelle que soit leur culture, origine ou identité. Prendre en compte la diversité réelle du peuple, c'est justement dépasser l'ethnique et rentrer dans l'universalité réelle.
Dans le cas d'Amsterdam, lorsque je défends la présence physique et politique des allochtones en politique, ce n'est pas pas ethnicisme. Au contraire. C'est parce que, jusqu'à maintenant, les partis politiques amstellodamois ont fait preuve d'ethnocentrisme et ont fait du marketing ethnique (un peu de Turcs par ci, un ou deux Marocains par là) sans réussir à penser le peuple d'Amsterdam dans sa diversité.
En France on parlerait de communautarisme: ce sont les plus sectaires (bourgeois blancs hétérosexuels, souvent de droite) qui dénoncent les dérives communautaires, alors qu'ils sont les premiers à nier au peuple son universalité réelle, qui transcende l'origine ethnique, culturelle ou sexuelle.