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mardi 8 novembre 2005

Jamais l'un sans l'autre °

Après m'être retrouvé en page 3 du Volkskrant avec une photo affreuse et un résumé primitif (ci-contre le scan de l'article réalisé par Mehmet; quand on clique dessus, ça s'agrandit, magique!), me voici cité dans la presse néerlandaise résumée par l'ambassade de France à la Haye (pour les non-kreukreuphones):

LE DOSSIER DU JOUR : Emeutes en France
"Les émeutes en France ont fait un premier mort, mais le gouvernement ne veut pas encore engager l’armée", écrit la rédaction étrangère du Trouw à la une. "En cas de nécessité les communes pourront instaurer un couvre-feu." "Le premier ministre Villepin a qualifié à la télévision française ces émeutes d’’inacceptables et inexcusables’ et il a promis de faire appel à 1 500 policiers supplémentaires. Selon lui, des ’réseaux criminels’ appuient les désordres, mais il a également reconnu que les jeunes se sentent en ’rupture sociale’."
"Les émeutes françaises ne viennent pas seulement du chômage, du mauvais logement et de la discrimination", remarque le journal chrétien progressiste dans son cahier de Verdieping, au-dessus d’un article de fond de Paul-Kleis Jager.

"Le sociologue Laurent Mucchielli est actuellement l’un des spécialistes les plus cités à propos des jeunes émeutiers des banlieues françaises. La principale raison des désordres, dit Mucchielli, est la situation économique. Celle-ci est mauvaise : dans certains quartiers les statistiques du chômage grimpent à 50, 60 pour cent ou plus. Selon Mucchielli, la discrimination suivant la couleur de la peau et le code postal alimentent ’en permanence les sentiments d’insatisfaction, d’injustice et d’exclusion’."
"Durant le programme télévisé Buitenhof , dimanche, Laurent Chambon, un collègue de Mucchielli actif à Amsterdam, a tenu le même discours : les écoles et les magasins qui brûlent sont un cri de détresse de citoyens de deuxième rang humiliés. Et le ministre Nicolas Sarkozy leur donne encore un coup de pied supplémentaire, a affirmé Chambon. ’Il les qualifie de racaille, parce qu’il espère devenir président de cette façon-là. Ces jeunes le sentent et ils n’acceptent pas cela’."L’article de Jager fait par ailleurs référence à l’entrepreneur Aziz Senni, auteur du livre L’ascenseur social est en panne... j’ai pris l’escalier, et à Lucienne Bui Trong, ancienne chef de la cellule "villes et banlieues" des Renseignements généraux : "L’idée que les problèmes sociaux excusent les comportements criminels domine. Quiconque parle de dégradation des normes est classé politiquement incorrect. Et la police joue le rôle de tête de Turc nationale."
"Il y a encore un autre aspect qui retient à peine l’attention dans les considérations sur les émeutes", conclut le journaliste : "l’ampleur de l’immigration en France." "Ce domaine est abandonné en totalité au Front National de Jean-Marie Le Pen. Etant donné que cet homme a qualifié l’holocauste de détail de l’histoire de la Deuxième guerre mondiale, on l’évite. Mais l’ampleur de l’immigration, qui est maintenant son violon d’Ingres exclusif, joue bel et bien un rôle dans l’origine des problèmes. La capacité d’accueil de la France est mise à rude épreuve depuis 1974, lorsqu’on a donné le feu vert à la réunification familiale."
Un reporter du Volkskrant (p.3) s’est promené avec Laurent Chambon, venu et resté aux Pays-Bas il y a sept ans, dans un quartier déshérité d’Amsterdam. "Il a étudié de près les problèmes d’intégration en France et aux Pays-Bas et il n’en est pas devenu plus optimiste. On peut résumer ainsi ses conclusions : les Français sont peut-être tolérants, la France est xénophobe. Les Pays-Bas sont peut-être tolérants, les Néerlandais sont xénophobes. Le résultat revient au même : il n’y a pas d’intégration. ’Les Français, après le meurtre de Theo van Gogh, ont déclaré la faillite du modèle néerlandais de coexistence multiculturelle. Maintenant, les Néerlandais disent la même chose du modèle français, mais tout cela est absurde. Ce n’est pas une question de modèle, mais d’attitude.""Ce qui se passe en ce moment dans les banlieues déshéritées de France n’est rien d’autre qu’une lutte des classes entre des gens qui n’ont rien et une élite qui ne veut rien lâcher ; Cette lutte peut éclater partout en Europe et aux Pays-Bas elle pourrait même être plus violente à cause de la présence d’une composante ethnique." Chambon veut pour exemple de cette composante ethnique le fait que les mariages mixtes sont monnaie courante en France, mais exceptionnels aux Pays-Bas.

http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6579