J'ai reçu aujourd'hui un coup de fil d'un journaliste de HP/De Tijd (journal relativement à droite, mais un des plus lisibles). En gros il voulait en savoir plus sur ma situation après l'article dans le Volkskrant. On a fini par parler un peu de la situation des étrangers aux Pays-Bas, en particulier ceux qui sont éduqués. Moi, donc, mais pas seulement. Je suis ici depuis 7 ans et si je parle néerlandais à peu près correctement, je suis loin du bilinguisme. Par ailleurs, de tous les étrangers que j'ai fréquentés durant ma thèse (et avant), je suis le seul à être resté (avec les conséquences professionnelles que l'on sait). Je ne sais pas si c'est plus facile de trouver du travail ailleurs. Je ne pense pas.
Il n'empêche qu'il y avait quelque chose dans le ton de ce journaliste qui laissait entendre que j'étais une grosse brêle. Que si je n'arrivais même pas à décrocher un poste de prof de français, par exemple, c'est que mon néerlandais n'était pas assez bon (en fait ceux qui ont décroché le job connaissaient le proviseur, c'est là la grosse différence). Je lui ai parlé d'un mec que je connais qui est Français d'origine marocaine, titulaire d'un DEA, marié à une kreukreue super-éduquée, qui ne peut pas devenir prof de français parce qu'il a eu 498 et pas 500 à un test de néerlandais. Le mec parle français et arabe parfaitement, son anglais et son néerlandais sont très bons. En plus, il serait un superprof: il sait ce que c'est que l'émigration, l'intégration, ce serait un super modèle pour les mômes de son quartier.
Mais non, 498 seulement, donc pas de prof de français pour ces jeunes.
Les élites françaises sont arrogantes et ethnocentristes, mais j'ai peur qu'une partie des média néerlandais souffrent du même mal. On verra comment ça sortira dans HP/De Tijd, mais j'ai peur qu'on nous resserve la même vieille rangaine réactionnaire: "ils galèrent parce qu'ils ne sont pas à la hauteur". Forcément, s'ils ont un superjob, c'est qu'ils sont excellents, et que les autres sont trop ignares.
Suspense, donc.