Aujourd'hui le résumé de la presse par l'ambassade de France vient à point nommé... Lors d'une tentative d'analyse sur les "non" aux référendums français et néerlandais, il m'avait paru intéressant de noter que le besoin de protection sociale est de plus en plus fort, et la méfiance vis-à-vis de gouvernements tentés par les syrènes ultra-libérales de plus en plus grande. Bonne lecture!
"La confiance de la population dans les services publics et le gouvernement est au point le plus bas", note le Volkskrant à la une. "Le gouvernement Balkenende II, qui a commencé sa législature avec pour devise ’rétablissement de la confiance’, n’a reçu que 48 pour cent d’appréciations positives l’an dernier. En note chiffrée cela lui vaut un 5,2.""C’est ce que signale le Sociaal en Cultureel Planbureau (SCP) dans son rapport De sociale staat van Nederland . La confiance de la population dans les autorités en général est encore plus faible. Moins de 40 pour cent sont satisfaits, alors qu’en 2000 c’était encore le cas pour les deux tiers de la population."
"Il ne faut pas sous-estimer la méfiance et l’insatisfaction qu’inspirent la classe politique et la ligne suivie, selon le SCP. C’est faire violence à la vérité que de les qualifier de ’malaise social’ et de ’cynisme politique’. Les considérations générales sur l’opinion publique sont inadéquates. Dans De sociale staat van Nederland, un rapport biennal qui mesure le bien-être social, le SCP montre que l’aversion pour la politique est bel et bien étayée. L’intérêt pour la politique, la disposition à entrer en action et le besoin de participation ont justement augmenté. L’aversion s’exprime par un sentiment d’impuissance. Ce sentiment n’a fait que croître durant la dernière décennie."
"Le président de la Deuxième Chambre, Weisglas, qui a reçu le rapport, n’a pas voulu commenter ce large désaveu. Il a considéré que le rapport était préoccupant et constituait un important signal. Mais il a aussi reproché aux médias de contribuer à l’image négative en mettant l’accent sur des questions triviales comme ’la niche de Nawijn’ [le député LPF se plaint de son bureau]."
"Ce qui frappe dans le rapport du SCP, c’est l’appel au leadership politique. La thèse selon laquelle il faut ’des leaders courageux, infatigables et dévoués’ pour sortir les Pays-Bas de l’ornière a été soutenue en 2004 par 61 pour cent des personnes interrogées, contre 33 pour cent il y a quatre ans. Theo Roes, directeur adjoint du SCP, considère ce quasi doublement comme l’expression d’une frustration. ’Les citoyens n’ont pas envie de faire des choix. Ils souhaitent une politique énergique, alors que les autorités se réfèrent uniquement à la stagnation du marché’.""La confiance dans les institutions politiques a baissé plus fortement aux Pays-Bas que dans d’autres pays européens, mais cela n’étonne pas le directeur du SCP, Paul Schnabel. En comparaison du reste de l’Europe, la confiance a justement été très grande pendant des années. Maintenant que cette confiance a manifestement été bafouée et que ce sentiment a en outre été exprimé de façon convaincante par Pim Fortuyn, un retour de balancier s’opère."
La page 4 du journal de centre gauche est entièrement consacrée au détail des résultats de l’étude - marché du travail, santé, logement, criminalité, circulation, culture et sport, alcoolisme des jeunes... (également NRC Handelsblad d’hier soir pp. 1 et 3, Het Financieele Dagblad pp.1 et 5, Trouw p.5, De Telegraaf p.5).
Commentaires "Il y a aussi une bonne nouvelle", remarque le commentateur du Volkskrant : "la criminalité a baissé aux Pays-Bas." "Et ce qui est encore plus important : les Néerlandais se sentent plus en sécurité qu’il y a quelques années. Pour le reste, le rapport biennal De sociale staat van Nederland du Sociaal en Cultureel Planbureau expose surtout un pessimisme et un mécontentement persistants. Les citoyens sont satisfaits de leur propre vie, mécontents de la société et encore plus mécontents du gouvernement Balkenende."
"La plupart des citoyens veulent davantage de protection sociale. Les classes moyennes moins favorisées, surtout, ont régressé les dernières années. Le gouvernement n’a fait qu’effrayer encore plus ces citoyens peu sûrs d’eux. D’abord en présentant des scénarios noirs pour créer un soutien aux réformes radicales, ensuite en faisant des plaidoyers pour le dynamisme et la concurrence qui ont donné aux citoyens l’impression qu’ils seraient encore plus seuls à l’avenir. Quand les temps sont incertains les citoyens demandent davantage d’empathie et moins de grands discours."
"Le gouvernement Balkenende II devra prendre ces chiffres à cœur", estime le Financieele Dagblad. "Balkenende mise sur la responsabilité accrue des citoyens. Les citoyens, par contre, demandent un leader fort, mais un leader (c’est là qu’est le paradoxe) qui écoute le peuple avant d’agir."Le Telegraaf juge "préoccupant que la consommation d’alcool par les jeunes ait énormément augmenté les dix dernières années". "Un jeune homme sur trois et une jeune fille sur dix âgés de dix à vingt ans ont un problème d’alcool." "Et la population a pris du poids durant la dernière décennie. Le nombre de Néerlandais dont le poids est excessif est passé à onze pour cent. Inutile de dire que c’est mauvais."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6397