Et un rafraîchissement technique sur le référendum...
"En dehors de la ville d’Utrecht - un bastion de GroenLinks - le oui n’a triomphé que dans quelques poches très prospères", remarque le chroniqueur H.J. Schoo en page d’opinion du Volkskrant de samedi. "Rozendaal, en Gueldre, a mené le petit peloton des Bloemendaal, des Wassenaar, des Haren et des Laren des Pays-Bas. Le pendant de ces paradis est formé de communes où le score du non est d’environ 70 pour cent, avec des pointes allant jusqu’à 90 pour cent."
"En tête se trouve l’impitoyable non de la Bible Belt, suivi par le non massif dans le Nord-Est de la province de Groningue. Le non a été un peu moins ferme dans les vieilles villes industrielles et les nouvelles communes de banlieusards, avec des centres de gravité dans les régions de Rotterdam, d’Amsterdam et au Limbourg : Spijkennisse, Vlaardingen, Almere, Zaanstad, Veenendaal, Landgraaf. A l’exception de la Bible Belt, ce sont des terrains de chasse du PvdA. Mais ce parti n’a plus le monopole des certitudes d’un Etat-providence généreux. C’est pourquoi ses électeurs traditionnels sans formation supérieure ne font plus aveuglément confiance au PvdA en tant que ’bouclier des faibles’. C’est le SP qui revendique ce rôle, aussi fictif qu’il soit devenu, avec de plus en plus de succès."
Pour l’éditorialiste du même Volkskrant, "le débat d’urgence à la Deuxième Chambre sur la situation politique après le référendum sur la Constitution européenne était décevant". "A aucun moment, le gouvernement et les présidents de groupe parlementaire n’ont eu l’air de comprendre la gravité de la rupture de confiance avec les électeurs. Le premier ministre Balkenende, pour parler en termes de psychologie, se trouve toujours dans la phase de dénégation. Il répète à satiété que ’l’implication de la population dans l’Europe a énormément augmenté’. C’est certainement le cas, mais dans le sens exactement contraire à celui que le gouvernement avait proposé. Le premier ministre est le premier responsable de la campagne catastrophique du camp du oui. Il ne peut pas se soustraire à cette débâcle, justement parce qu’il a tant investi dans son rôle de leader européen."
"Durant la présidence néerlandaise de l’UE, l’an dernier, Balkenende s’est donné de grands airs avec son projet sur ’l’Europe comme communauté de valeurs’. Il a organisé des conférences internationales de prestige qui ont plu à l’élite culturelle, mais qui n’ont pas débouché sur un appel mobilisateur à ce qu’il y a de meilleur dans les citoyens européens."
"En outre, l’offensive civilisatrice européenne de Balkenende est passée totalement inaperçue parmi les électeurs néerlandais, ainsi qu’il est apparu mercredi. Cela ne mine pas seulement son autorité à La Haye, mais aussi à Bruxelles. A la moitié de son mandat, le gouvernement Balkenende a perdu tout son crédit." "Il sera difficile pour les Pays-Bas d’inciter les partenaires européens à faire des concessions. Mais quel que soit l’enjeu du gouvernement néerlandais au prochain sommet européen, Balkenende ne peut pas revenir à La Haye les mains vides. Moins de règles de Bruxelles, moins verser à Bruxelles - voilà un programme que les électeurs comprennent."
Selon un sondage de Maurice de Hond, les lecteurs du Volkskrant ont en majorité voté contre la Constitution européenne. Seules les lecteurs du NRC Handelsblad (54 pour cent) et du Trouw (52 pour cent) ont voté pour. Les lecteurs de tous les autres quotidiens nationaux, y compris ceux des journaux gratuits Metro et Spits, ont en grande majorité voté contre au référendum de mercredi.
Bien que le journal ait fait campagne pour le oui, 55 pour cent des lecteurs du Volkskrant ont voté contre. Il ressort aussi du sondage de De Hond que 10 pour cent seulement des lecteurs du journal de centre gauche sont eurosceptiques. 32 pour cent sont pour une évolution lente de l’UE, 41 pour cent disent soutenir l’unification européenne et 16 pour cent disent même être "adeptes de l’UE" (de Volkskrant de samedi p.2).
A noter qu’en page d’opinion du Volkskrant de ce matin, Maurice de Hond se dit "grand partisan des référendums, mais alors dans un système politique rénové". "Si nous nous contentons de coller le référendum au système existant, ce système tout entier fonctionnera encore plus mal et le référendum aura mauvaise réputation à la longue." "Il y a deux ans, j’ai prédit dans une interview au Het Parool qu’un référendum sur la Constitution de l’UE tournerait au pandémonium et aurait pour résultat un ’non’. Si nous nous contentons d’ajouter le référendum à notre système actuel, je prédis d’ores et déjà que les quatre premiers référendums nationaux (quel que soit le thème) tourneront au ’contre’ et ne feront qu’élargir le fossé et la crise."
Source: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6068