Hier je suis revenu de Bruxelles pour aller voter au consulat. Et on m'a demandé de participer au dépouillement, et, of course, en citoyen modèle, j'ai accepté. Le "oui" a frôlé des 80% des votes exprimés à Amsterdam, mais tout le monde savait que le 'non' allait l'emporter en métropole.
Le commentaires affluent, les analyses se succèdent. A mon tour donc...
1. Peuple contre élite
Le truc classique que tout le monde nous sert, avec raison il faut le dire, c'est que les élites européennes (communautaires comme nationales) oublient qui sont les Européens de base: pas que des eurotechnoboyz, mais aussi des paysans financés par la PAC, des ouvriers dont le niveau de vie baisse et pour qui l'avenir de leurs enfants semble compromis, des classes moyennes fragilisées et précarisées, et ce 'tourbillon de la mordernité' qui semble ne jamais s'arrêter, avec des politiciens qui se servent de Bruxelles comme d'une explication facile quand rien ne va.
Aux Pays-Bas c'est pareil: le ministre des finances rejette avec dédain les questions sur la sous-évaluation du florin qui a été sentie, croyez-moi, par les ménages. Le lideur travailliste prêche le mélange social mais met ses enfants dans une école bien blanche. Le premier ministre, Balky, fait une coalition avec qui il veut, sans se soucier du choix des électeurs. Les administrations sont privatisées sans débat, avec pour résultat des scandales financiers, des gaspillages et une inefficacité encore plus grande.
Vous voyez le peuple dire "oui maître" alors qu'on lui vole ses élections et on le traite en crétin?
2. Crise politique
Je sais, c'est une obsession, mais hier j'étais (à ma grande surprise) d'accord avec Madame Cochon elle même, Marine Le Pen, quand elle disait que le peuple s'était rebellé car il n'avait aucun moyen de s'exprimer lors des élections législatives: il fallait un scrutin proportionnel. Elle a par ailleurs demandé le départ de Chirac, et je crois que tout le monde s'accorde à dire que c'était aussi contre lui, contre sa trahison des électeurs de gauche grâce auxquels il a été élu, contre sa nullité, son manque de vision et les casseroles qu'il se traîne.
J'ose espérer que cette crise politique va mener à une remise en cause de la domination éprouvante des partis de gouvernement (PS et UMP). Là encore même si je ne suis pas à droite, Bayrou m'a beaucoup impressionné: j'ai été 100% d'accord avec son analyse: le système est pourri, on n'écoute pas le peuple...
3. Et l'Europe?
Et bien, si je savais... Je suis presque un ultra-nationaliste européen, au sens où je me sens bien plus européen qu'autre chose. Je souhaite que nous devenions une nation forte et idéaliste. Mais là je ne vois pas trop comment ça va arriver. Je ne compte pas trop sur les partis extrêmistes pour venir avec un contre-projet digne de ce nom et qui fasse l'unanimité en Europe. Prions Sainte Rita (patrone des causes perdues) que cela ne mène pas à un désolant éclatement et une Europe réduite à une zone de libre échange...
Allez, maintenant c'est au tour des Kreukreux de vomir sur leur gouvernement... On y va!
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Petit Volcan dit: "Et bien nous sommes au moins deux nationalistes européens, sauf que comme disait Tonton ‘le nationalisme, c’est la guerre’ ! D’accord aussi avec toi sur ce qu’a dit la Marine française (celle à qui je dis merde) et le François (lui ça fait longtemps qu’il me fait rire à avoir raison sans pouvoir percer!), j’ajoute un keum que j’aime bien pas seulement parce qu’on avait le même bar à bières à Strasbourg, Cavada.
J’habite dans une banlieue bourge par hasard (le vésinet) et j’ai une maison en normandie dans un coin dortoir entre rouen et paris. J’ai habité 20 ans à strasbourg et j’ai eu du mal à me faire à paris. Je dis ça car :
· le vésinet : 78% oui
· les andelys : 66% non
· strasbourg : 56% oui
Et de fait la première motivation à voter oui dans les analyses sorties d’urne c’est l’Europe et pour le non c’est la crise économique. Dire merde à chichi ou aux eurotechnocrates n’est pas une motivation prioritaire... Enfin ouf on a fini une phase. Comme a dit Tristan Bernard lors de son arrestation par la Gestapo ou la Milice :”jusque là nous vivions dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espérance”...
Petit Volcan re-dit: "Et toi qui a fait plus d’études politiques que moi, tu dois te souvenir qu’en France il y a périodiquement des majorités hétérogènes qui se solidifient pour refuser qq chose de nouveau (par exemple la CED, pour rester dans les années 50...)."