La société sud-africaine change. Alors qu’avant la couleur de peau était la différence essentielle, maintenant c’est l’argent. La bonne nouvelle, c’est que chacun peut gagner de l’argent, ou au moins faire semblant d’en avoir, ce qui n’était pas le cas avec la couleur de peau. Ce qui me fascine, au-delà du mélange ethnique de plus en plus poussé (tout le monde nous dit que désormais les couples mixtes sont monnaie courante, entre Noirs de groupes ethniques différents, mais aussi entre tous les groupes, quelle que soit leur couleur de peau), c’est ce plurilinguisme continuel, le passage de l’anglais au zoulou, puis de l’afrikaans au xhosa. Même les Blancs se mettent à apprendre deux ou trois langues africaines. J’entends bien qu’il y a plein de langues différentes, mais je ne suis pas du tout en état de dire laquelle les gens utilisent. A la télé, on n’est pas en bilinguisme à la belge (je parle dans mon dialecte et on me sous-titre), mais en diglossie continuelle, les gens zappent de langue au milieu de la conversation comme si c’était normal. Les sous-titres essayent de suivre, les téléspectateurs aussi. J’adore les deux sons über-sud-africains, le « hl » (sorte de « ch doux » allemand mais d’un seul côté de la bouche) et bien sûr le « q » (clic).
Et puis il faut le dire, tous ces mélanges, ça fait des gens vraiment beaux.
