mardi 17 avril 2007
Xénophobie
La sortie de Jean-Marie Le Pen sur la nationalité supposée de Nicolas Sarkozy a remis les choses à leur place, malgré les tentatives de Marine Le Pen de profiler le FN comme un parti post-raciste et multiculturel: Le Pen a une conception réactionnaire de l'identité française, où seul le droit du sang compte. C'est en complète contradiction avec la tradition française, et une fois de plus il nous fait honte. Même si je déteste Sarkozy pour ce qu'il représente (une classe politique arrogante, arriviste, égoïste et anti-démocratique), je ne peux pas accepter que Le Pen lui dénie le droit d'être candidat parce que son père est né en Hongrie. La candidature de Christine Taubira m'a rendu très fier d'être français: l'idée qu'une femme noire, émancipée par l'école républicaine, puisse éventuellement devenir présidente était en phase totale avec ma conception de la nation française, construite sur un désir d'avenir commun, et pas sur un tas d'ADN.
Aujourd'hui, cependant, je viens de voir des extraits d'un discours de Sarkozy sur la France qui me fait vomir. Il flatte son auditoire en noircissant notre voisine l'Allemagne: « Car la France n’a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle n’a jamais exterminé un peuple. Elle n’a pas inventé la solution finale, elle n’a pas commis de crime contre l’humanité, ni de génocide.. »
Le fait que la vidéo est mal synchronisée laisse à penser qu'il s'agit peut-être d'un hoax, mais en regardant bien on se rend compte que c'est bien ce que dit celui qui veut devenir notre président.
Sans être un germanophile béat, un président doit non seulement montrer du respect pour nos chers voisins, mais aussi avoir des rudiments d'histoire. Si l'Allemagne a développé le nazisme et a déporté et assassiné des millions de personnes (dont beaucoup de juifs et de Tsiganes), la France ne s'est pas illustrée particulièrement brillamment dans la défense des libertés publiques. Collaboration, lois de Vichy, guerre du Vietnam et d'Algérie, colonisation, interventions post-coloniales.
Une fois de plus, j'ai honte. Honte, honte, honte. J'espère que mes compatriotes auront de bon sens de ne pas l'élire.