.

dimanche 11 février 2007

Election électronique: erreur humaine

Après les Etats-Unis et les Pays-Bas, la France veut se la jouer moderne et le gouvernement a décidé de passer au vote électronique. Au lieu de mettre un bulletin dans l'urne, on a donc presser un écran tactile lors des élections. On nous garantit qu'en 5 ans la machine est amortie, et que le résultat des élections est alors instantané. Je crois que c'est une erreur monstrueuse et je vais expliquer brièvement pourquoi:
1°) La technique est loin d'être au point. Il y a plusieurs problèmes non résolus: la possibilité qu'avec un scanneur on puisse lire à distance les votes (voir la vidéo), les possibilité de pirateries (voir la vidéo), la privatisation du processus (via l'entreprise qui fournit les machines et le service), et surtout l'impossibilité de recompter les votes. Je trouve que les garanties techniques assurant que l'enregistrement du vote a été réalisé correctement manquent largement, et qu'il existe trop de possibilités de fraude.
2°) Plus grave, l'électronisation du vote est un processus de confiscation de l'élection. Dans une élection traditionnelle en France, nous avons une "cérémonie républicaine" lors de laquelle les gens votent, mais aussi participent de façon transparente et publique au décomptage, avec recomptage si nécessaire. Lors de l'ouverture des urnes, les différents partis politiques sont présents, et n'importe qui peut devenir compteur ou scrutateur. L'élection appartient à tous et chacun peut vérifier que le résultat correspond à ce qu'ils ont vu eux-même. L'argument de la rapidité est absurde: en quelques heures on a le résultat précis d'une élection. Quand on sait quelles sont les conséquences politiques de certaines élections, attendre quelques heures me paraît un moindre mal pour s'assurer de la légitimité du résultat.
Le vote électronique, c'est la fin d'une cérémonie républicaine à laquelle beaucoup de gens tiennent et qui font de l'élection plus que la désignation d'un gagnant à une élection: un processus ritualisé marquant la transparence et l'implication de tous dans le processus.

Ceci dit, je pense que le système uninominal à deux tours pour la présidentielle ou les législatives sont une perversion de la démocratie représentative. Et que l'élection est loin de justifier le caractère démocratique d'un régime. Pour cela il faut des libertés publiques inébranlables, une réelle séparation des pouvoirs, un système de contre-pouvoir bien établi, le respect des minorités, un réel droit de pétition des citoyens et la participation du plus grand nombre au processus de décision avant que les décisions soient prises. Mais on en est encore loin... Là encore, c'est fascinant qu'on prenne de telles décisions sans y faire participer les citoyens, comme s'il s'agissait d'un choix technique sans conséquences. Démocratie, hein?