Hier nous étions en voiture, en chemin de Paris à Amsterdam, et j'avais mis France Inter ou BFM, je ne sais plus. Il y avait un entretien avec un psychologue / médecin / écrivain qui s'était spécialisé dans les SDF (clochards en français normal). Il avait une analyse très intéressante. Tout d'abord il a prévenu: "je n'aime pas les SDF en particulier, car beaucoup ne sont pas des gens aimables", et ensuite il a attaqué.
Pour lui, le SDF est un vaccin, pour nous rappeler que si nous ne courbons pas l'échine et nous n'acceptons pas les humiliations du chef, des collègues, du proprio et des administrations, on finira dans la rue. Ce n'est pas un hasard si, au XXIème siècle, il y a encore des gens qui meurent dans la rue après y avoir erré sans fin à la vue de tous: c'est pour nous rappeler "si tu n'es pas sage, tu finiras dans la rue, humilié, et tu vas en mourir".
Il dit qu'il faut se distancier des histoires personnelles et de la morale chrétienne et voir les SDF pour ce qu'ils sont: ils ont une utilité sociale, celle de nous rappeler qu'au delà du système judiciaire, il y a une "justice" réelle qui condamne les "immoraux" (ceux qui refusent des travaux mal payés ou des situations humiliantes) à la rue et à la mort.
Au moment où la droite parlementaire, en France comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, criminalise les chômeurs et cherche à exercer un contrôle sur leurs activités et déplacements, il est bon de rappeler la logique du système (voir l'excellent bouquin de Loïc Wacquant "Punir les pauvres" sur le sujet): si vous n'acceptez pas les humiliations alors que vous êtes déjà coupable de vous être fait virer, vous mourrez dans la rue à la vue de tous!