La prison n'a pas fait peur au présentateur télé Peter R. de Vries et l'émission sur les disquettes égarées des services secrets néerlandais (AIVD) a bien été diffusée dimanche soir (lire Quotidien du 9 décembre). Les révélations n'ont pas manqué: le leader populiste assassiné Pim Fortuyn est accusé de pédophilie, un cadre travailliste de Rotterdam lui aurait fourni de jeunes garçons d'origine marocaine payés avec de la drogue, dont il aurait abusés dans son «donjon». Qui dit «révélations» dit réactions, et les premières sont apparues hier, lundi 12 décembre. La Fédération néerlandaise gay et lesbienne (HLBF.NL) dénonce l'«amalgame» fait par Peter R. de Vries d'amalgame: «Il s'agit d'un "meurtre de personnalité" puisque Pim Fortuyn est accusé de pédophilie.» L'image de feu Pim Fortuyn serait manipulée par le reporter et candidat politique (il vient de fonder son propre parti) «dans le cadre de vulgaires jeux politiques dans la perspective des prochaines élections».
Ronald Sörensen, président de la fraction Leefbaar Rotterdam (héritier politique de Fortuyn), assure, lui, qu'il s'agit de «fables», mais n'est pas surpris que l'AIVD ait suivi Fortuyn dans les bars homos de Rotterdam: «Nous nous doutions que nous étions suivis. Nous n'avons rien à cacher et nous n'avons aucune objection à une enquête. Pim nous avait dit quand il était venu à Rotterdam: "vous pouvez être sûr que tout sera fait pour nous détruire et nous diaboliser".» Pim Fortuyn avait fait savoir à des amis qu'il avait la forte impression que des jeunes gens lui étaient régulièrement envoyés par des individus qui auraient aimé le faire chanter. Fortuyn semblait très fier, d'après ces amis, d'en avoir pris conscience et de ne jamais être tombé dans le piège. «J'aime les jeunes gens, cher ami, mais pas aussi jeunes. Ils ne me plaisent pas. Je préfère les vrais hommes», leur aurait-il déclaré. Trois ans après son assassinat, le fantôme de Pim Fortuyn continue de planer sur la politique néerlandaise: populisme et xénophobie à droite, recomposition douloureuse de la gauche, et désormais discussion sur les limites légales et politiques de l'action des services secrets.
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