Sissi Impératrice destroy
vendredi 10 septembre 2004 par Laurent Chambon / Ce texte est une contribution d'une personne externe à Warning.
Amsterdam vit une transformation depuis deux ans on y construit une nouvelle ligne de métro, qui met la ville sans dessus dessous. Mais c’est surtout une transformation sociale, presque invisible, qui la transforme le plus profondément. En effet, la conjonction d’une vague réactionnaire (dont Fortuyn a moins été la cause que le symptôme), d’une récession économique en partie causée par les économies budgétaires, et d’un mouvement mondial de reprise en main de la vie publique par les managers « libéraux », a eu une conséquence inattendue la fuite des étrangers qui pouvaient fuir. Au premier rang desquels, bien sûr, les pédés éduqués et créatifs.
Le premier univers à être visiblement touché est le monde gay, et les signes les plus apparents de ce choc économique et symbolique sont la mort de la House Music, remplacée par la Hard House et la variétoche vulgaire, la commercialisation à outrance du mode de vie gay (Rainbow Flags pour vendre du fromage !), et l’évolution des sexualités pédés.
Car Amsterdam est devenue la capitale européenne du business pédé le plus ouvertement cynique, et surtout du sida, de la syphilis et des nouvelles bactéries exotiques dévoreuses d’anus. Les pédés semblent s’ennuyer tellement qu’ils se contaminent entre eux. Depuis un an ou deux, j’essaye, avec d’autres, de revitaliser la scène pédée et gouine en participant à des soirées créatives et underground, espérant qu’Amsterdam en 2006 sera le Berlin des années 1990. Mais j’y crois de moins en moins. Je vais vous expliquer pourquoi si vous arrivez à tenir jusqu’à la fin de ce texte...
Un ami à moi, parfois habité par d’étranges idées, on va l’appeler X (ça fait très Black Power), m’a un jour dit que ce qui allait sauver l’Occident est le fait que Ben Laden et ses copines sont trop ouvertement homophobes et pas assez portées sur l’athlétisme et la nudité pour pouvoir rallier les pédés révolutionnaires européens. Son idée est que l’attirance des folles pour la révolution réactionnaire, mélange de suicide altruiste, de camaraderie poilue et virile, et d’anarchisme nihiliste dénudé, est le secret de l’efficacité des régimes totalitaires occidentaux les régimes fascistes, nazis, soviétiques ou militaires sont infestés de folles de droite, à la fois hystériquement adeptes d’une ordre viril nouveau, efficaces et impliquées à leur réussite militaire et artistique (ces mises en scène de l’homme nouveau en uniforme !), et surtout sans vie familiale hétérosexuelle avec une femme et des enfants qui les ramènent aux réalités quotidiennes.
Le monde en 2004 n’est ni un monde très beau, ni très habitable Bush et ses folles militaro-industrielles veulent montrer leurs muscles partout où c’est possible pour nourrir leur 4x4 ou leur Humvee (pour lever des mecs c’est largement plus efficace qu’une Honda) ; les folles libérales (j’en connais tellement, c’est effrayant) veulent tout privatiser pour pouvoir garder leur thune et surtout ne pas payer l’éducation des enfants des Breeders*. En plus, tout va déborder (croyez-moi, en Hollande, on sera les premiers à se mettre à la plongée pour aller au boulot -mais il semble que ça ne panique personne), on n’aura bientôt plus de pétrole pour nos 4x4 à intérieur assorti, et ça va finir qu’on ne pourra plus aller baiser dans des contrées exotiques tellement les Occidentaux seront détestés par les autres peuples toujours plus exploités.
Et Ben Laden dans tout ça ? Eh bien, notre civilisation a besoin, selon X, d’un choc salutaire pour motiver l’autre population qui fait changer les choses les folles de gauche. Et le coup des terroristes nihilistes et altruistes aurait pu les séduire, comme Genet ou Foucault ont été séduits par les militants palestiniens rebelles et bien montés. Mais Ben Laden et ses copines ont trop abusé de leur profil d’islamistes radicaux pour laisser subsister l’espoir d’un bon plan cul avec l’un d’entre eux. Et les folles de gauches, pourtant vraiment en mal de radicalité, n’ont pas accroché. Les Irakiens réussissent, avec leur combatants mal rasés et torse nus, comme les Palestiniens avaient réussi dans les années 1970. Mais qui va essayer de changer la société pour une Irak maffieuse et elle aussi tentée par Ben Laden et son armée de Frigides ?
Et c’est ça le drame des pédés, à Amsterdam ou ailleurs ils sont les valets d’un capitalisme parasitaire qui les exploite et les humilie, mais ils sont incapables de trouver un univers alternatif qui les accueille. Et c’est pour ça qu’ils pratiquent le sabotage comme ils le peuvent. Voici donc les plans secrets du complot pédé auquel même la presse française, pourtant si prompte à débusquer les complots, n’a pas eu accès.
Plan n°1 sabotage politique. En restant dans le placard et en focalisant sur les grandes avancées civilisationnelles comme le mariage homo, les folles politiques tuent toute vélléité de rébellion politique organisée. En France, il faut choisir entre une gauche castrée et une droite castratrice. Aux Pays-Bas, entre un Balkenende dé-sexué et une gauche molle dont tous les pédés ont été virés. Les folles altermondialistes insistent sur des combats pas sexy du tout (femmes guatémaltèques et paysans africains maigrichons) pour maintenir la plupart des pédés au large. Avec un peu de chance, on ne croira bientôt plus en l’universalité de la démocratie et des droits de l’homme.
Plan n°2 sabotage artistique. Aller danser dans des soirées avec une musique merdique que les hétéros reprendront dans un an. Finie la suprématie culturelle occidentale même Madonna emmerde les plus hystériques des fans, seules les productions d’Endemol génèrent des idôles pédés, les cheveux gras et longs sont de retour.
Plan n°3 sabotage biologique. Se contaminer un maximum, et créer de nouveaux virus et bactéries (mutation/croisement) qui arriveront à passer la barrière des espèces et peut-être enfin contaminer massivement les femmes. Par ailleurs, si les pédés disparaissent, c’est l’essentiel de la production artistique et scientifique occidentale qui disparaît, donc les hétéros mangeront de la merde, n’auront pas de fringues mettables, par de voitures design, ni de bonne musique, et les femelles refuseront donc de s’accoupler.
Voilà, c’est l’idée strange de X, ce pote un peu strange. Au début j’ai beaucoup ri. Cette nuit, je n’ai pas réussi à dormir (ces nouvelles vitamines très miam sont aussi très fortes, ouh la la !), et j’ai repensé à ce qu’il m’a dit. Et j’ai peur... s’il avait raison ?
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*Les Breeders, c’est les ‘reproducteurs’, surnom méchant donné aux hétéros par les folles amerloques
vendredi 10 septembre 2004
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