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dimanche 27 mai 2007

Dépossession



J'ai de plus en plus de gens qui se plaignent ouvertement de la tournure que prend mon quartier, le Pijp. Surtout des étrangers. La plupart se sont installés à Amsterdam et dans le Pijp car ils s'y sentaient bien: des loyers un peu élevés, mais une mixité sociale et ethnique fabuleuse, de bons restos, de la bonne bouffe partout, plein de petits magasins mignons et une bonne ambiance tolérante et mutli-ethnique. Alors que le reste du pays versait dans l'hystérie xénophobe, notre quartier restait relativement épargné.
Mais depuis un an à peu près, l'équilibre a été rompu. On croirait qu'ils exagèrent, ces allochtones, à se plaindre. Des amies lesbiennes: "avant on était tranquilles, mais maintenant c'est la Straight Pride™ tous les jours, avec ces couples hétéros qui se fourrent la langue dans le gosier en public, les filles habillées comme des putes, les mecs bourrés à la bière avec trop de gel dans les cheveux. On se sent agressés par leur arrogance et leur sans-gêne."
Un copain américain: "je ne supporte plus ces bobos hollandais thunés et arrogants. Ils n'ont aucune culture, aucune politesse, aucune hygiène personnelle. Pourtant ils me donnent des leçons de politique américaine, se comportent comme des pirates à te voler ta table de terrasse alors que tu les avais juste autorisé à prendre une chaise, et ils mettent des "fuck" partout, je ne suis pas puceau (c'est le moins qu'on puisse dire, NdLC), mais ça me choque. Je me sens envahi, chassé de mon quartier. Alors que c'est nous, les artistes et les étrangers, qui avons rendu ce quartier si sympa, pas les bobos arrogants."

Aujourd'hui, avec Lewis nous sommes allés à Burgermeester, le nouveau resto de burgers hip. Le nom joue sur la notion d'expert du burger, et bourgmestre. Les burgers sont réputés et effectivement ils ne sont pas mal. Mais les manger à côté de couples en chaleur avec des femmes trop maquillées et rigolant bêtement, des mecs qui se la jouent thunés et sales (virilité et saleté ne sont pourtant pas synonymes, nan?) et avec tout le monde qui est vulgaire, arrogant et parle fort, c'est une torture. Ils ont gâché nos burgers. Nous nous sommes aussi sentis dépossédés de notre amstellodamité, étrangers dans notre propre quartier.
Le Pijp commence à avoir un sérieux problème.